lundi 3 décembre 2007

Contribution de Benoit-marcel ONAMBELE(atelier éducation)

Le conseil des jeunes
Présentation
Le conseil municipal de la jeunesse (CMJ) est un lieu d'apprentissage de la citoyenneté, de la
démocratie, de la tolérance et du respect des idées d'autrui, un lieu où les jeunes apprennent à
s'exprimer en public, à donner leurs idées et leurs avis, où ils peuvent proposer leur projet et le
défendre…c'est aussi un dialogue entre les élus et les jeunes.
Ce conseil naît de la volonté d’associer les jeunes au développement du territoire. Il a pour mission de
pallier l'absence de relais de communication entre les adolescents et la commune qui rend difficile la
transmission d'information et l’émergence de propositions novatrices au plus près des jeunes.
Cette note est une réflexion sur l’architecture d’un tel conseil et apporte des pistes de réflexion sur les
leviers nécessaires à sa mise en place et son fonctionnement. Pourquoi les jeunes sont-ils
intéressés? Comment lancer le projet? Comment organiser les élections? Quels types d'appui
peuvent apporter les enseignants, les élus, les parents, les agents de développement? Comment
favoriser véritablement l'expression des jeunes et les mobiliser autour de leur projet? Comment
valoriser leur travail collectif et en faire la publicité ? Voici autant de questions qui sont ici abordées.
Genèse :
Dans notre ville, à ce jour, il n’existe pas de conseil intéressant les jeunes de la commune.
L’expérience est pour nous une première, qui pose quelques difficultés liées à la dispersion et à la
motivation des jeunes.
Réunions d’information préalable :
Auparavant, nous devons expliquer aux jeunes, lors d'une réunion d'information ouverte à tous les
tenants et aboutissants du CMJ. Qu’apprend-on dans un conseil de jeunes ? Pourquoi et comment en
faire partie? Comment ce conseil va-t-il fonctionner ?
Les jeunes sont très éparpillés, sur le territoire communal, il est donc nécessaire de les rassembler
pour des réunions d’information. Il me semble essentiel de passer par les écoles et le PIJ (Point
information jeunesse). Le fait de passer un peu de temps devant une classe pour expliquer le CMJ et
discuter avec les élèves permet de fédérer une partie d’entre eux. On voit ici la nécessité d’avoir une
bonne liaison avec les enseignants et de leur expliquer l’objet de la démarche.
Nous pouvons envisager de projeter des vidéos dans les écoles et les relais de jeunesse (PIJ, club
12/15, antennes de quartier) sur le rôle d’un CMJ dans les villes ou le système existe pour éveiller la
conscience de nos jeunes. Un film mettant en valeur les réalisations, dans différents thèmes. Ce
support illustrera bien, en quelques minutes, l’esprit dans lequel on devra évoluer.
Parfois, les enseignants se bloquent devant les projets des élus et il est important qu’une relation de
confiance s’établisse entre les élus et l’école pour faire avancer les projets des jeunes. Il est important
de s’appuyer sur le trépied suivant : élus, enseignants, jeunes.
Initier les candidatures :
Comme dans un conseil municipal, il s’agit d’élire des candidats. Dans un premier temps, nous
devons solliciter les jeunes pour qu’ils expriment leurs souhaits et mènent une mini-campagne auprès
de leurs amis, de leurs camarades d’école.
Il est nécessaire de mener une réflexion sur les tranches d’age. La plus indiquer semble être la
tranche d’âge de 10 ans à 18 ans car elle est très ouverte et correspond à des préoccupations fort
différentes. Des groupes homogènes devront se constituer dans le cadre des commissions.
L’élection des candidats :
Les élections ont eu lieu dans des écoles. Comme dans une élection normale, la première phase
porte sur les déclarations de candidature. Au sein des écoles, les élections ont lieu dans la classe, la
liste électorale correspondant à la liste des élèves. Le nombre des membres du conseil est à définir
mais nous pouvons envisager un fonctionnement à 20 membres élus pour un an renouvelable une
fois (pour assurer la continuité du travail).
Les élections seront organisées dans les classes de CM1/CM2 de la ville ainsi qu’au collège Dulcie
SEPTEMBER. Elles aboutissent à la désignation des élus, sachant que le nombre d’élu dans les
classes primaires dépend de la taille des écoles. A ces élus nous devons ajouter d’autres issus du
même processus au sein des 3 antennes de quartiers de la ville au prorata de la densité de population
de ces quartiers. La représentativité par quartier nous permettra de mobiliser les élèves de lycée
sachant que nous n’en avons pas sur notre ville ainsi que les jeunes de cette tranche d’age étant déjà
hors du système scolaire.
Assemblée plénière et commissions:
Les assemblées plénières peuvent avoir lieu, dans la salle du conseil municipal de la mairie. Nous
voulons que ce cadre formel permette aux enfants de s’imprégner de la solennité des réunions de
leurs aînés. La présence des élus municipaux lors de la première réunion plénière est indispensable
ainsi que celle des médiateurs municipaux et du personnel du service jeunesse..
Lors de la première assemblée plénière les jeunes mettront en place la structure et définiront son
mode de fonctionnement. Il s’agit par exemple des thèmes et des membres des commissions
définissant le périmètre de leur action. Celles ci peuvent être orientées sur des thèmes allant du sport
à la culture en passant par la solidarité ou la citoyenneté.
Dans chaque commission, les jeunes devront définir des projets précis qu'ils auront à mener et
réalisables dans l'année selon eux. Selon les possibilités financières, il conviendra de faire un tri et
exclure certaines idées, du type piste de karting, aide humanitaire au Kosovo… Nous devrons faire un
travail de pédagogie et leur expliquer qu’il est important de commencer par des actions plus
modestes. La commission sport pourra par exemple organiser un tournoi de football dont les
bénéfices iraient aux Restaurants du Coeur, la commission culturelle pourra, elle, créer un journal local
et organiser un spectacle de danse, la commission solidarité pensera à organiser des collectes
alimentaires au profit de la Banque Alimentaire ou des actions dans le sens des dynamiques
intergénérationnelles. Pour finir la commission citoyenneté arcueillaise pourra développer des activités
sur l’histoire de notre ville et de ses concitoyens…
Précisons ici que le CMJ doit être un espace créateur de projets. Il y va de sa crédibilité. Il doit
être doté d’un budget pour être à l’instigation de projets. Il est nécessaire de fixer le périmètre
d’action dans lequel les élus l’inscrivent. Il doit enfin être doté d’un élu référent ( l’élu à la
jeunesse) qui dispose d’un mandat fort auprès de l’exécutif municipal. C’est la seule manière
de garantir la prise en compte de la voix de ces jeunes dans les priorités municipales.
Le règlement intérieur :
Il est nécessaire également que les jeunes élaborent le règlement intérieur du conseil. Son contenu
doit être simple et responsable. Parmi les principaux éléments à retenir, on pourra y trouver les
mentions suivantes : respecter les personnes présentes au conseil, aider les autres jeunes dans leur
projet, ne pas dire de gros mots, venir à toutes les réunions quand on peut et prévenir en cas
d’absence… Avec des mots employés par les jeunes.
Le budget du conseil :
Concernant les finances, nous pouvons inscrire le conseil dans le cadre du plan éducatif local. Dans
PLE le conseil de jeunes développe la formation, l’expression, la responsabilité et l’initiative des
jeunes et de leurs familles. Nous devons dégager un budget pour les actions de premières initiatives
du conseil (celles ne nécessitant pas un passage devant le conseil municipal des adultes). Au début il
s’agit d’un budget de petite importance (1500€ par exemple). Je ne pourrais pas vous dire quelle part
relève de la CAF ou de Jeunesse et Sport. Cette somme devra évidemment augmenter lorsque le
conseil rentrera dans sa phase de croisière. Sans pouvoir financier, il sera difficile pour ce conseil
de participer et de prendre des délibérations.
Implication des parents et des familles :
Les parents des jeunes élus doivent signer un engagement indiquant qu’ils autorisent bien leurs
enfants à participer aux réunions du conseil. Pour ce qui est des parents en général, je n’ai pas de
solution pour les faire participer d’une manière ou d’une autre. Ils participent parfois au travers des
actions décidées par les jeunes, mais cela reste marginal.
Avoir les parents pour alliés nous aidera à mobiliser les jeunes. Les parents sont très fiers que
leurs enfants soient engagés dans un conseil communautaire.
Animation du conseil :
L’assemblée plénière du conseil des jeunes pourra se réunir une fois par trimestre. En outre, les
commissions pourront se réunir une fois par mois. Pour ce qui est des actions, les rencontres devront
être plus régulières. Tout cela nécessite un travail de préparation, mais j’insiste sur le fait que ce sont
les jeunes qui organisent et créent les projets; les animateurs n’ont qu’un rôle de soutien en cas de
besoin, tant sur la méthodologie que sur la programmation. Il est tout de même impératif d’avoir un
adulte par commission de manière à accompagner nos jeunes dans les structures de projets.
Pour ce qui est de chaque séance de travail, un secrétaire de séance est désigné à chaque réunion,
sur la base du volontariat. Ceci garanti l’implication de chaque jeune dans l’animation tout au long du
mandat. Il n’est pas souhaitable en effet de faire une hiérarchisation supplémentaire des jeunes dans
le CMJ. Il en va de même pour les rapporteurs sur chacun des projets.
Concertation avec les élus adultes :
Les rencontres directes des élus avec les jeunes interviennent essentiellement lors de la création du
conseil et lors des assemblées générales. Il est souhaitable que les élus interviennent le moins
possible en direct. En revanche, ils devront avoir connaissance des besoins des jeunes par
l’intermédiaire des animateurs. Le lien avec l’ensemble des élus se fait par la voix de l’élu à la
jeunesse en relais des animateurs. Lorsque le besoin se fait sentir sur un projet, l’élu à la jeunesse se
charge de fédérer les autres élus. Il n’est pas souhaitable en effet de multiplier les élus référents à
cause du risque de dilution de l’autorité et de la responsabilité tant au niveau des jeunes qu’au niveau
de l’encadrement.
Lorsque le besoin s’en fait ressentir, les jeunes pourront présenter leurs projets devant tous les élus
adultes sur des projets majeurs nécessitant un engagement fort de la municipalité. Ils pourront exercer
un droit de pétition pour attirer l’attention des habitants, de la communauté de commune et de la ville
sur des sujets majeurs qu’ils considèrent lésés dans l’action publique et sur des actions nécessitant
des investissements plus importants comme par exemple la prise en compte des circulations douces
dans le plan de déplacement urbain.
Mises en relation avec d’autres conseils de jeunes :
D’autres villes de la CAVB sont dotées d’un CMJ (Cachan, L’haye les roses..) . Ce sera l’occasion
pour les jeunes de comparer leurs expériences, d’observer d’autres fonctionnements et de valoriser
leurs projets. Cela permettra de renforcer la citoyenneté et de remobiliser le dispositif en permanence.
Pour les animateurs, ce sera l’occasion d’échanger sur les actions et les pratiques de mobilisation des
jeunes. Ces rencontres pourront avoir dans le cadre d’une journée des CMJ du Val de Bièvre. Enfin,
cette journée contribuera à créer plus tard un réseau au niveau des conseils de jeunes du
département.
Conclusion :
Il sera intéressant de suivre l'évolution du conseil des jeunes, tant pour son organisation, son mode de
fonctionnement, sa relation avec le conseil municipal, et sa représentativité par rapport à tous les
jeunes de la commune. L'impact du conseil des jeunes sur le territoire ne sera suffisamment reconnu
que si la population est assez bien informée des différentes actions et projet qu’il entreprend. Le
décalage dans le temps entre les répercussions sur le territoire des projets portés par les jeunes et la
durée de leur engagement au sein du conseil constitueront une autre difficulté. Pour assurer la
continuité de l'action, le comité de pilotage des animateurs devra veiller à ce que toute personne
quittant le conseil de jeune soit remplacée dans les plus brefs délais.
La mise en place d'un conseil des jeunes, malgré tous les aspects positifs qui peuvent en
découler, ne constitue pas la solution miracle face à tous les problèmes liés à l'adolescence.
Seule compte notre volonté réelle d’accorder une place aux jeunes dans notre ville.
Plus d’accompagnement, plus d’écoute, plus de solidarité dans le progrès pour tous et le
respect de chacun.

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