lundi 10 décembre 2007

Contribution de Patrick Fradet

« Les Cultures urbaines, les arts Urbains,
Les arts de la rue, les cultures émergentes, … »

Voici donc un sujet très vaste, rien que dans son intitulé, et j’expose de suite, l’objet de cette contribution. Un point abordé lors de la dernière réunion de la fabrique fut celui de la fiche intitulée « cultures urbaines » dans laquelle la colonne du « Sens politique » s’énonce par :
«… Ramener les jeunes éloignés des pratiques culturelles vers des modes d’expressions qui leur sont proches… »
Après un petit débat (faute de temps nécessaire dans le cadre de l’atelier) nous avons décidé de ne pas valider cette fiche et de la retravailler.
J’espère modestement contribuer à ce débat.
Tout d’abord cette phrase constitue pour moi une réflexion de fond par ce qu’elle induit comme confusion lorsque l’on est dans l’idée de l’accessibilité à la culture artistique pour tous sans prendre acte de ce qui se pratique sur le terrain.
Et de la peu naître une vision très restrictive, entraînant des réponses qui le seront tout autant c’est-à-dire :
–Les jeunes n’auraient pas beaucoup de culture et il faudrait leur en donner (mais de quelles cultures parle-t’on ?) et de fait seraient éloignées des pratiques culturelles de ce pays (mais de quelles pratiques culturelles parle-t’on ?) et donc qu’ils faudraient leur faire découvrir ce qu’est la vraie culture (n’aurait-on pas nous même à découvrir ce que sont leurs cultures ?)
Ou bien encore concernant les cultures urbaines :
–que ce sont des cultures essentiellement de quartier ou de banlieue, de fait, réservés aux jeunes et/ou aux minorités clandestines, marginales, underground, en rupture avec et la société et le reste du monde …
Ceci alimentant une autre confusion dans l’idée du mot culture :
-La culture officielle, avec ces mots-clefs : patrimoine, tradition, respectueuse de certaines valeurs, savante, contemporaine, et surtout analysable artistiquement …
-La culture « underground » avec ces mots-clefs : modes d’expressions, résistances, banlieues, réactions populaire et surtout analysable sociologiquement…
Et voilà le piège car ne pas re(connaître) les cultures urbaines à leur juste place c’est de suite ne pas prendre la mesure de ce qu’au moins 80% de ces pratiques artistiques a des plus captivante et créative aujourd’hui, bien au-delà avant toutes autres questions sociologiques même des plus pertinentes.
Et pour cité un secteur que je connais bien, la musique, je pourrai parler des musiques électroniques, du jazz actuel, de la musique improvisée, des musiques du monde, de la culture Hip hop, des croisements avec les musiques savantes, les arts de la rue, les arts visuels, le théâtre, la danse …Etc. ou le renouvellement, bien que ce faisant principalement hors des cadres culturels traditionnels, ce produit avec cette volonté de ce réapproprier de l’existant et de ce forger des identités en partant des expériences passé, ce qui amène à ce qu’est l’acte de création :
Créer, ce n'est pas seulement innover, c'est faire avec et contre.
Concernant la fiche de l’atelier 4, au-delà d’une maladresse linguistique plus que d’une intention, il n’empêche que je constate trop souvent encore, dans nombres de mes interventions pédagogiques et artistiques, cette fracture culturelle, cette méconnaissance de toutes ces pratiques artistiques, ce qui finit par polluer les débats et fausse la recherche des véritables enjeux politiques et sociaux.
Pour éviter cela une des pistes qui a depuis longtemps fait ces preuves c'est évidemment de faire circuler la connaissance.
Connaître (= naître avec l’autre) : ce qui s'y passe, ce qui s'y crée, ce qui s'y pense, quelles en sont les enjeux artistiques, culturels, mais aussi sociologiques, économiques, et comme dans toutes cultures, quelle est son histoire, quel en sont les codes, les langages, les messages, les techniques les expressions artistiques, les modes de diffusions …
Ce qui permet au final d’avoir une réflexion plus constructive, d’accompagnement et de partage, plutôt qu’une seule quête celle de …ramener des brebis égarés dans le sérail officiel de la bien pensante Kulture….
La culture et l’art pour changer le regard et surtout « tous les regards »
Nous sommes tous concernés, car s’il est légitime de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la culture et a toutes formes d’expressions artistiques, il faut évidemment concevoir comme postulat de départ, que chacune d’elle à sa place, qu’il n’y en a pas une supérieure à une autre (quelle soit savante ou populaire) qu’elles ont toutes leurs histoires, leurs conservateurs, leurs avant-gardes, leurs particularismes et leurs sens communs, etc.…
…et que nous devons tous faire l’effort d’aller vers ce qui nous est moins familier, pour la jouissance de la découverte et les plaisirs que cela procure de savoir vibrer autant sur (pour parler musique) : Bartok, Ligeti, Coltrane, Monk, Zappa, Prince, Le groupe F, Generik vapeur, La techno, l’électro-acoustique, Boulez, Bach, Plublic Enemy, Rahzel, Bob Marley, La jungle/drums & bass, les Pigmés Aka, Steve Coleman, Derek Bailey, les musiques du monde, en un mot je dirai :LES MUSIQUES DE TOUT LE MONDE
Mais encore faut-il savoir que tout ceci existe, et pour aller à leur rencontre, il faut se donner les moyens professionnels et financiers pour ces missions d’intérêt général !
Des cultures polymorphes et mouvantes
Pourquoi une meilleure prise en compte des arts urbains est importante dans une politique culturelle, s’il elle souhaite être à l’écoute de son temps.
- Parce que ce sont des pratiques artistiques qui croisent les disciplines, comme la musique, la danse, le théâtre, l’acrobatie, privilégient aussi la participation des habitants et la pluralité des expressions culturelles des populations issues de l’immigration, qui deviennent ainsi eux-mêmes des “producteurs” de cultures, des Spect-acteurs.
- Parce qu’ils permettent aussi l’invention de nouveaux usages de la ville, imaginant de nouvelles formes d’appropriation de l’espace urbain, façonnant un nouveau regard sur leur ville pour ses habitants et des façons nouvelles d’occuper l’espace.
- Parce que ce sont des genres en perpétuelle évolution qui s’enrichissent les uns les autres, des cultures vivantes qui se nourrissent en permanence de l’autre, et qui intègrent de nouvelles formes d’expression artistique. Par exemple, le slam récemment entré dans le champ des cultures urbaines, qui réintègre le souci de la musicalité de langue, de sa phonétique, de la poétique.
- Parce qu’il invite des artistes à une confrontation plus directe avec la société, conscients de la limite de la démocratisation culturelle et des modes de diffusion traditionnelles et ainsi à se retrouver hors les murs. Des rencontres inattendues, des créations hybrides se sont produites. Les uns s’enrichissant des autres Breakdance et dance contemporaine, Rap/slam et Jazz…Techno et musique classique…
- Parce qu’elles infléchissent les systèmes économiques de diffusion de la culture (voir l’essor en ce domaine de site internet comme les net-label en Techno, ou myspace, youtube…)
- Parce qu’elles sont souvent l’affaire d’autodidactes mettant à mal le clivage traditionnel entre amateurs et professionnels.
- Parce qu’avec les arts de rue, la rue devient une immense scène, ouverte à tous.
- Parce que bien qu’apparues sur le terreau historique de la culture hip hop au début des années 80, les cultures urbaines ne peuvent cependant plus se réduire à la simple expression de ce mouvement.
Pour mémoires, je rappelle les plus significatives issues du mouvement hip-hop : le rap, le beat-box, le djing, la Break dance, street dance, battle graff, tags, le slam Sans ommettre aussi, à la périphérie de ces formes artistiques, des pratiques sportives telles que le (skate, basket de rue, parkour…) trouvant leur place dans ces cultures urbaines.

Quelques pistes pour tenter d’allers vers du pratique.

Je rejoins en tout point ce qu’a très bien exprimé JF Marguerin dans sa contribution intitulée « Cinq priorités pour l'action culturelle à Arcueil »
Et j’ajouterai qu’au moment d’opérer des choix, il faut qu’ils soient guidés par le souci de mettre en valeur l’excellence, ce qui passe par des moyens financiers à la hauteur des enjeux.
-Créer encore plus de liens avec les structures existantes sur Arcueil, avant que de vouloir créer du neuf et continuer d’améliorer les moyens de diffusion existant (Anis-Gras par exemple).
- Améliorer la formation, par des interventions de sensibilisation, et de pratiques dans les établissements scolaires, les centres sociaux et culturels, les organismes de formation, la médiathèque, les MJC/MPT, espaces jeunes, le conservatoire.
- Mettre les espaces culturels de la ville en coordination de travail sur des projets transversaux (Anis-gras, Jean Vilar, le Bahut, La galerie J Gonsales), et aussi le conservatoire comme lieu de formation.
- Faire joué un vrai rôle au conservatoire de musique qui doit être un lieu d’ouverture des pratiques musicales et des esprits. (J’ai à ce titre une anecdote personnel qui prouve qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire pour que ce lieu remplisse cette fonction)
- Organiser des concerts chez l’habitant, dans les établissements scolaires, les centres sociaux et les maisons de quartier, foyer des personnes âgées, sous chapiteaux, comme le propose JFMarguerin…
- Organiser un Festival des arts de la rue à Arcueil impliquant les habitants et coordination avec des professionnels.
- Impliquer et investir le centre commercial par des actions artistiques.
- Accompagner les projets « amateurs » des habitants par un encadrement professionnel.
- Favoriser les résidences d’artistes
- Favoriser les partenariats avec des structures des communes voisines dans le cadre de la communauté d’agglomérations. Par exemple, j’ai impliqué (mais à titre personnel, puisque j’y occupe des fonctions de responsable de formation) l’école de Musique actuelle et de Jazz de Cachan (EDIM) sur le spectacle Salomé joué à Anis-gras en 2004, ainsi que sur des journées de diffusion de nos orchestres d’élèves en formations professionnelles, puisque nous avons des formations diplômantes (Dem, DE de JAZZ ou de MA, Certificat FNEIJMA, et prépa au CA Jazz et MA), et cette démarche de partenariat pourrait s’ouvrir bien plus encore, comme nous le faisons déjà avec le conservatoire de Bourg la Reine, et plus récemment celui de Fresnes…
pour infos (www.edim.org)
Pour conclure cette contribution, ma motivation à vouloir m’impliquer dans cette idée de la fabrique en tant que citoyen et artiste, est bâtie sur cette volonté d’établir une autre relation dans la transmission de l’art à la population, de considérer l’art comme un souci de l’autre.
Je souhaite qu’au-delà du 14 dec nous puissions poursuivre ces échanges et avec le plus grand nombre d’énergies possibles et de dialogue constructif.

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